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Derrière les Écrans : Comment Séparer l'Information Fiable de la Manipulation en Haïti ?

En Haïti, on entend souvent tout et n’importe quoi, surtout avec l'explosion des infos qui circulent à droite à gauche. Mais comment savoir ce qui est vrai, et ce qui ne l’est pas ? Aujourd’hui, tout le monde peut se dire journaliste : entre les médias traditionnels, les influenceurs, et les plateformes sociales, chacun semble avoir une information à partager. Mais tous les messages qui circulent ne sont pas vérifiés. Alors, c'est quoi, au fond, une vraie information ?

Dans l’imaginaire collectif haïtien, l’ « information » est censée être un fait rapporté à un public, mais elle doit répondre à trois critères pour être réellement considérée comme fiable.

  1. Elle doit intéresser le public
    Si vous dites simplement « J’ai vu un chien dans la rue», c’est sympa, mais ce n’est pas une info. Par contre, une vraie info pourrait être : «Un tremblement de terre de magnitude 6 a frappé le sud du pays, causant des destructions importantes». Là, ça concerne tout le monde, ça a un impact direct. C’est un fait qui mérite d’être partagé.
  2. Elle doit être factuelle
    L’information, ce n’est pas une opinion. Par exemple, dire «Haïti est magnifique» est une belle pensée, mais c’est juste une opinion. Si on dit «En 2023, Haïti a accueilli 3 millions de touristes», là on parle de chiffres, de faits, c’est objectif et vérifiable. Et, c’est ici que les six questions journalistiques — Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? — deviennent fondamentales pour garantir qu'une information soit complète, fiable et digne d’intérêt public. Elles permettent de structurer le récit de manière claire, en apportant des faits vérifiables, des contextes précis et une compréhension globale de l’événement rapporté. En répondant à ces interrogations, le journaliste assure une information équilibrée, transparente et utile au public, tout en respectant les principes de rigueur et d’éthique professionnelle. Soulever ces questions, c’est poser les bases d’un journalisme responsable.
  3. Elle doit être vérifiée
    Dans un pays comme le nôtre, où les rumeurs vont bon train, il est crucial de vérifier ce qu’on rapporte. Par exemple, si quelqu'un dit «L’eau potable va manquer à Port-au-Prince», ce n’est pas une information fiable tant que ce n’est pas vérifié. Une info correcte pourrait être : «La DINEPA a confirmé qu'il y a une rupture d’approvisionnement en eau dans plusieurs zones». Une info sérieuse doit pouvoir être confirmée par des experts ou des autorités.

Cependant, le problème en chez nous réside dans le fait que même les journalistes ne prennent pas toujours la peine de vérifier leurs sources, et ces dernières ont fréquemment tendance à biaiser la réalité des faits. Cela soulève donc des interrogations légitimes quant à la fiabilité des sources d'information utilisées par les médias.

La problématique des sources d’information

C’est là que ça se corse. En Haïti, avec l'essor des réseaux sociaux, tout le monde peut partager n'importe quoi. Il y a des tiktokers, des blogueurs, des célébrités locales, qui se permettent de relayer des infos sans vraiment savoir si elles sont vraies. Et parfois, ce ne sont même pas des infos : c’est de la pure manipulation, souvent pour servir des intérêts personnels ou politiques. Dans un pays où la situation sociale et politique est fragile, il n’est pas rare que des politiciens, des hommes d’affaires, et même des bandits, financent certains influenceurs pour propager des messages en leur faveur. D’où l’importance de se demander : d'où vient cette info et qui la diffuse ?

 

Qu’est-ce qu’une source d’information ?

La source, c’est l’origine de l’information. Si vous n’avez pas une source fiable, l’information peut perdre toute sa valeur. En Haïti, cette question des sources est encore plus cruciale vu les enjeux politiques et sociaux. Une information peut être biaisée par les opinions ou les intérêts de ceux qui la diffusent.

  1. Les sources primaires
    Une source primaire, c’est une info qui vient directement de l’événement. Cela peut être un témoin, un reportage vidéo, ou un document officiel. Par exemple, un journaliste pourrait dire : «D’après notre envoyé spécial à Jacmel», ou encore «Selon un rapport du Ministère de la Santé».
  2. Les sources secondaires
    Les sources secondaires, elles, font appel à des récits rapportés par d’autres. Par exemple, un journaliste pourrait citer un article d’un autre média ou un témoignage indirect. Dans nos médias, on entend souvent des phrases comme «Selon un ancien ministre» ou «D’après un témoin interrogé par la presse».

Le cas des sources anonymes

Les sources anonymes sont un autre sujet. Parfois, des journalistes en Haïti, comme ailleurs, utilisent des sources anonymes, surtout sur des sujets sensibles comme la politique ou la corruption. Par exemple, un article pourrait dire : «Un fonctionnaire sous couvert d’anonymat a révélé que…» Ces sources peuvent être utiles, mais elles comportent des risques, et les journalistes doivent être super vigilants avant de publier des infos non vérifiées.

 

Chaque source a ses limites

L’un des grands défis du journalisme, c’est de multiplier les sources pour avoir un aperçu complet d’une situation. Par exemple, deux personnes qui ont vécu le même événement peuvent raconter des versions différentes. C’est pourquoi il faut toujours croiser les infos et ne jamais se contenter d’une seule version. Si vous écoutez uniquement ceux qui ont tout à gagner à vous manipuler, vous risquez de passer à côté de la vérité.


En fin de compte, distinguer la vraie information de la rumeur, ça ne dépend pas seulement de la source, mais aussi de la manière dont on vérifie les faits, qu’on recoupe les témoignages, et qu’on évite de se laisser influencer par des intérêts cachés. La vérité, en Haïti comme ailleurs, ne se trouve pas simplement derrière un écran, mais dans l’effort d’un travail journalistique sérieux.

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